Cette stratégie d’esquive consiste à modifier le positionnement ou la durée du cycle cultural et de l’ajuster en fonction de la ressource d’eau disponible. Il faut alors éviter les périodes de forte évapotranspiration et de faible pluviométrie lors des périodes importantes du cycle cultural. Ces périodes importantes correspondent à la floraison et au remplissage du grain. Donc, il faut “achever le cycle cultural avant l’apparition d'une sécheresse terminale”.
Pour les cultures semées à l’automne ou en fin d’hiver, nous savons que les cycles culturaux de cette saison ramènent la phase de croissance active des plantes, et donc la phase où les plantes ont une croissance plus importante, vers des périodes d’évapotranspiration modérée. Cependant, même si l’évapotranspiration est plus forte en été qu’en hiver, à cause d’une durée de végétation en hiver supérieur à celle en été (8-9 mois pour les cultures hivernales contre 5-6 mois pour les cultures d’été), la quantité d’eau évaporée par évapotranspiration en hiver est la même que celle en été. Néanmoins, nous savons que l’eau a une meilleure efficacité lors des phases où l’évapotranspiration est moins importante. C'est-à-dire que le gaspillage en eau de l’irrigation sera moins important. Il en résulte alors que les cultures plantées en hiver, puisque l’évapotranspiration est moins importante, et que l’eau est plus efficace, ont un besoin en irrigation moindre. Nous pouvons alors envisager de semer certaines cultures en hiver, comme cela se fait déjà en Espagne ou au Maroc, qui ont toutes deux un climat proche de celui de la Tunisie. Néanmoins cette stratégie d’esquive nécessiterait le choix intelligent de variété tolérante au froid.
Nous pouvons également envisager de choisir une date de semis permettant une esquive de la sécheresse par un décalage du cycle cultural. Il s’agirait donc d’une avancée de la date de semis, et non d’un semi lors de la saison froide comme abordée plus haut. Mais il faut que la plante tolère les basses températures si une culture d'été est semée plus tôt au printemps. Cependant une culture d'hiver semée tôt à l'automne ne présente aucun avantage.
Lors de sécheresse au stade terminale ou lorsque les réserves en eau sont très faibles, le semis de variétés plus précoces peut être envisagé. Cette stratégie d’esquive par l’utilisation de variétés ayant une floraison plus précoce est intéressante pour des climats méditerranéens semi-arides comme la Tunisie. En effet, les variétés plus précoces, c'est-à-dire dont le cycle est plus court, peuvent esquiver la période de stress hydrique correspondant à la fin de leur cycle. Ces variétés qui poussent très rapidement et qui ont une surface foliaire plus faible, et donc qui sont dotées d’une évapotranspiration potentielle moins importante sont généralement moins exigeantes en eau.
Comments