Une zone est en stress hydrique si l’évapotranspiration potentielle ou ETP, donc la quantité maximale d'eau susceptible d'être évaporée par contrainte du climat, est supérieure aux ressources en eau disponible. Une plante est en stress hydrique si la transpiration de la plante est supérieure à l'absorption d'eau.
L'évapotranspiration est une quantité physique utilisée en agro-météorologie. Cette transpiration correspond à la somme de la quantité de l’évaporation d’eau des plantes et de celle du sol. La transpiration des plantes résulte de la conversion de l’énergie solaire captée par les feuilles, en chaleur latente, causant l’évaporation de l’eau de leurs tissus. Une plante fourragère est constituée d’environ 70 à 85% d’eau, qu’elle doit renouveler plusieurs dizaines de fois chaque jour, où 98 % de l’eau captée dans le sol et transportée dans la plante sera ensuite libérée sous forme de vapeur d’eau dans l’atmosphère, ses besoins sont alors considérables.
Le stress hydrique intervient alors essentiellement durant les sécheresses où les principaux facteurs sont, l’intensité du rayonnement solaire, des vents forts et chauds, de faibles précipitations, des températures élevées, une faible humidité, et des propriétés du sol défavorable, comme une faible rétention d’eau.
Par exemple, s’il y a des précipitations, même quotidiennes, de 5 mm sur un terrain sec, où l’eau est très peu présente, mais que l’ETP est supérieur à 5 mm d’eau évaporés par jour, cela signifie qu’il y a plus d’eau qui s’évapore que d’eau dans le sol, et alors que cette zone est propice au stress hydrique.
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La Tunisie est malheureusement dans un contexte de stress hydrique où l’intensité du rayonnement solaire, les températures élevées et les faibles précipitations accentuent ce phénomène.
Premièrement, en Tunisie, les totaux pluviométriques annuels moyens vont de moins de 50 à 100 mm dans l’extrême sud-ouest, à 1 500 mm dans l’extrême Nord-Ouest où seules les côtes Tunisiennes bénéficient d’une pluie moyenne annuelle égale ou supérieure à 400 mm alors que les 2/3 du pays reçoivent uniquement entre 350 et 50 mm de pluie et plus du 1/3 en reçoit moins de 100 mm.
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Tout aussi irrégulier que les ressources en eau, la saison des pluies s’étend en général de septembre à mai, avec une variation importante de la quantité, de l’intensité, et de la date du début et celle de la fin de la saison des pluies. Ces irrégularités causent des inondations violentes ainsi que des sécheresses importantes en fonction des années. En effet, nous notons une forte variabilité interannuelle où, sur un module pluviométrique de 20 ans, il y a statistiquement, 3 années humides, 6 années moyennes et 11 années sèches.
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En réalité, durant cette saison des pluies, les pluies se concentrent en un faible nombre de jours variable entre moins de 10 et plus que 100 jours de pluie par an. Ces jours de pluie se regroupent en épisodes pluvieux de courte durée séparés par des intervalles secs assez longs. Le faible regroupement des jours pluvieux et l’importance des intervalles secs augmentent au fur et à mesure que l’on va vers le sud. C’est dans l'extrême sud que les jours de pluie sont les plus rares, ils sont inférieurs à 10 jours par an. Aussi, plus des deux tiers du pays connaissent en moyenne moins de 50 jours de pluie par an. En plus de ces faibles jours de pluie, 70 à 80% des jours pluvieux au centre et au sud ont des précipitations inférieures à 5 mm. Et seules quelques zones côtières au nord-ouest du pays ont un nombre annuel moyen de jours de pluie supérieur ou égal à 100 jours par an.
Deuxièmement, l’intensité du rayonnement solaire, converti en son équivalent en eau évaporable, est en moyenne de 3.5 et 5 mm/jour et peut dépasser 10 mm/jour au sud, alors que la pluie est en moyenne de 0,1 à 0,3 mm / jour. L’évapotranspiration est alors supérieure aux précipitations.
Troisièmement, les températures élevées, avec une moyenne annuelle qui se situe entre 16° et 20 °C, constituent un facteur favorable à l’évapotranspiration potentielle (ETP). Pendant la saison chaude, où les maxima quotidiens atteignent et dépassent même 40 °C à l’ombre, les volumes d’eau qui s’évaporent sont énormes, par rapport aux précipitations.
Ces facteurs font de la Tunisie une zone très favorable à l’évapotranspiration potentielle, et donc au stress hydrique où les pénuries d'eau et la sécheresse sont les limites les plus importantes pour la production agricole.
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Les scientifiques prévoient que les changements climatiques auront des effets incertains sur les précipitations et que le réchauffement global terrestre accentuera de manière particulièrement intense l'évapotranspiration potentielle, ou ETP. Ces prévisions affecteraient un bilan hydrique climatique déjà largement déficitaire en Tunisie.
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