Il y a plusieurs stratégies d’économies de l’eau en irrigation.
Tout d’abord, l’utilisation de techniques plus efficaces en irrigation, comme le goutte-à-goutte qui fait partie de la micro-irrigation. Ce système évite l'évaporation puisque l’apport est localisé, à l’opposé de l’irrigation par aspersion. Cependant, la micro-irrigation pose des problèmes de coût. En effet, son installation est assez coûteuse, et donc tous les agriculteurs ne peuvent pas se le munir. Et puisque la Tunisie n’est pas un pays très riche, le gouvernement ne peut se permettre d’installer et de fournir à tous les agriculteurs ce système. De plus, ce système n’est pas envisageable pour de grandes cultures.
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Ensuite, il y a la possibilité d’une irrigation raisonnée et donc très suivie. Ce suivi passe par l’utilisation de matériel et d’outils d’aide au pilotage efficaces et précis pour mettre en valeur l’eau que l’on doit apporter au bon moment pour que les conditions d’application soient optimales. Cette approche d’irrigation raisonnée permet d’éviter les gaspillages, et peut améliorer la performance agronomique, économique et environnementale des systèmes de culture.
Ces outils d’aide au pilotage de l’irrigation sont très nombreux. Ils servent à piloter et à planifier l’irrigation et sont destinés directement à l’agriculteur. Cependant ils sont encore peu utilisés, très probablement à cause de raisons économiques. Ces outils permettent de déterminer plus sûrement le calendrier optimal d'irrigation dans un contexte de ressources plus ou moins limitées. Cependant ces outils ne peuvent garantir une réduction du volume d’irrigation, mais plutôt une utilisation plus rationnelle, et donc une meilleure valorisation du potentiel hydrique. Certains outils plus performants proposent également la réduction du risque environnemental lié au drainage de l’eau. Ils permettent aussi de prévoir et de réviser les règles dès lors que le contexte économique ou climatique a évolué.
Enfin, lorsque l'eau disponible pour l'irrigation s'avère limitée, deux stratégies sont possibles à l’échelle de l’exploitation:
Premièrement, il faut concentrer et utiliser les volumes d’eau disponibles sur des surfaces plus restreintes, mais sur des cultures avec un bon rendement, comme l’arboriculture fruitière, les légumes... Hors de ces espaces irrigués restreints, il faut choisir des cultures moins exigeantes en eau afin de ne pas prendre de risques dans des cultures plus exigeantes et plus à même d’avoir des pertes. De ce fait, les surfaces irriguées intensivement doivent être calibrées selon des hypothèses futures raisonnables.
Deuxièmement, il est important de répartir l'eau sur des surfaces plus étendues, en privilégiant une petite irrigation, en fonction des besoins. Les niveaux de prélèvement sont alors très variables selon les conditions climatiques de l'année. Cela signifie que lors d’une année humide ou “normale”, il y a une "sous-utilisation" des ressources en année humide ou "normale" et assure alors une marge de sécurité pour les années sèches. Cette option implique de réduire significativement les surfaces de cultures avec des besoins en eau conséquente, car elles sollicitent les ressources d’eau en permanence.
“Le choix entre ces deux options dépend des moyens d’arrosage disponibles (matériel, ressource), du temps de travail que l’agriculteur accepte de consacrer à l’irrigation, des rapports de prix, et enfin de la fréquence des années sèche.”
En conclusion, l’irrigation devra très certainement se conformer à un cahier des charges strictes afin d’utiliser les ressources d’eau de manière plus durable. Cependant, cette irrigation plus stricte est coûteuse, et les agriculteurs ne peuvent alors pas tous l’appliquer. Seules une impulsion et une réelle stratégie étatique pourraient permettre la mise en place d’un système d’irrigation plus économe en eau. Néanmoins, la Tunisie ne met pas l’économie de l’eau dans ses principales priorités, à cause d’un contexte économique déficitaire.
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